Sécurité sociale
Chronique d’un dépeçage annoncé
Le gouvernement a présenté jeudi 11 octobre le projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS) avec un manque de recettes de 16 milliards (appelé déficit ou trou de la sécu par les fossoyeurs libéraux).
Depuis le plan Juppé de 1996 et ce année après année une lente rupture est programmée avec la vocation originelle de notre sécurité sociale telle qu’elle été pensée par le CNR (Conseil National de la Résistance) et mise en place par les ordonnances de 1945 (4 et 19 octobre).
Revenons à l’origine :
Article 1 de l’ordonnance du 4 octobre 45 :
« Il est institué une organisation de la sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent ».
Cette ordonnance inscrivit les véritables objectifs de la sécurité sociale autour d’une organisation unique, d’une cotisation unique, la solidarité et la gestion des caisses par les assurés eux-mêmes et en particulier par la démocratie et l’élection des conseils d’administration des caisses.
Le but de ces gouvernants est bien de faire profiter un maximum les entreprises privées, industries du médicament, laboratoires privés, médecine libérale, cliniques privées au détriment du service public de santé.
En 2025 les consultations chez un médecin généraliste vont passer à 30 euros et vous serez moins remboursés par la sécurité sociale (de 70 à 60%). Conséquence : les mutuelles vont augmenter leurs tarifs pour compenser cette baisse. Rappelons que 3 millions de personnes en France n’ont pas de mutuelle.
Après le doublement des franchises médicales le reste à charge est de plus en plus important et grève les budgets des plus modestes.
Les arrêts de travail seront moins indemnisés (plafond des 50% des IJ à 1,4 au lieu de 1,8 smic).
La revalorisation des pensions de retraite sera bloquée 6 mois alors que 5,7 millions de retraités vivent avec moins de 1000€ de pension 74% sont des femmes.
Pour les entreprises les cotisations sociales vont augmenter de 2% de 1 à 1,3 smic et baisser de 1,3 à 1,8 smic. Cela rapporterait 2 milliards. Rappelons que les exonérations de cotisations sociales (75 milliards en 2022, 80 en 2023) ne participent en rien à la création d’emplois mais permettent d’augmenter les dividendes des entreprises.
Il faut rompre avec ce système d’exonérations, de le réserver uniquement pour les petites et moyennes entreprises qui en ont réellement besoin (en fonction de deux critères, le nombre de salarié(e)s et le résultat net).
Pour faire des économies ? interdisons les dépassements d’honoraires !
Taxer les industries du médicament aux profits exorbitants : entre 1999 et 2017 les 11 plus gros laboratoires mondiaux ont réalisé 1019 milliards de bénéfices dont 925 redistribués aux actionnaires, pour investir dans la recherche. Sans compter les milliards de profits avec les vaccins contre la COVID.
Nous exigeons un ONDAM à 10% (Objectif National de Dépense d’Assurance Maladie).
Il a été fixé pour 2025 à 2,8% par le gouvernement, alors que mécaniquement tous les ans il devrait être d’au moins 5% (augmentation de la population, vieillissement)
Priorité doit être donnée aux hôpitaux publics et au service public de santé, au secteur médico-social qui sont asphyxiés par des années de pénuries budgétaires pour leur permettre de rouvrir des services, des lits pour que les services d’urgences fonctionnent 24/24 et 7 jours sur 7 partout en France.
Une autre politique est possible, une autre politique est nécessaire pour redonner du sens à l’article premier de l’ordonnance du 4 octobre 45.