Psychiatrie – Proposition Loi cadre de refondation de la psychiatrie

Pour un mouvement pour une loi cadre de refondation d’une psychiatrie de Secteur humaine

La manière dont la psychiatrie « moderne » maltraite l’humain nous interpelle. C’est une question politique qui doit interpeller chaque Citoyen qui ne peut laisser votre organisation indifférente.\Depuis la formidable mobilisation de tous les acteurs, contre la volonté du pouvoir d’instaurer une psychiatrie sécuritaire et la criminalisation des maladies mentaux, nous n’avons tous eu de cesse, mais chacun de son côté, de réclamer une loi redonnant à la psychiatrie les moyens de ses missions.Comme l’a dit le Docteur Pénochet, alors Président du SPH « la contention est un indicateur de la bonne ou de la mauvaise santé de la psychiatrie. Plus la psychiatrie va mal, plus la contention sera utilisée. ». Aujourd’hui force est de constater que la psychiatrie va de plus en plus mal. D’autant que dans de nombreux Secteurs, les pratiques actuelles n’ont plus rien à voir avec les fondements de la philosophie du Secteur  Philosophie qui repose sur la proximité et la continuité des soins de prévention de cure et de postcure, par la même équipe, prenant en compte la complexité des dimensions bio-psycho-sociales de l’humain. La continuité n’étant plus fondée sur la contrainte mais sur la qualité du lien relationnel entre le patient et les soignants. Cela fait des décennies que les secteurs n’ont plus les moyens de faire de la prévention et sont obligé de trier les demandes. Seuls les plus malades sont pris en charge par le Secteur, ce qui n’empêche pas, dans les CMP, des délais d’attente scandaleusement trop long  Cesévères tri vient renforcer la stigmatisation de ceux qui y ont recours, alors que la psychiatrie de Secteur devrait être en charge de toutes les souffrances psychiques des plus aux plus bénignes. Banalisant par là même le fait d’y avoir recours. Certains d’entre nous ont cru que, parce qu’elle réaffirmait apparemment le Secteur, la Loi Touraine allait poser les bases de cette loi cadre tant attendue Le Secteur a été conçu comme un parcours de soins spécifique garantissant la qualité et la continuité des soins En fait, cette loi vise à liquider ce qui subsiste de la philosophie de la politique de Secteur. Partant du postulat que la psychiatrie serait une spécialité comme les autres, le parcours de santé du patient présentant des troubles psychiques, ne sera plus spécifique mais sera identique à celui qui présente des troubles somatiques. Il s’agit d’adresser le patient au « bon » interlocuteur en fonction de la gravité des troubles, sous-entendu le moins cher La psychiatrie ne s’occuperait plus que de la confirmation du diagnostic, du traitement de la crise et des soins d’immédiate postcure. Le suivi au long cours et l’étayage des patients stabilisés ne seraient plus du ressort des CMP, ni des CATTP. Ces structures spécialisées, mettant en œuvre un dispositif lourd et spécialisé, ne seraient plus nécessaires puisque le patient est stabilisé. Si sa pathologie nécessite la prise d’un traitement chimiothérapique au long cours, c’est le médecin traitant qui s’en chargerait avec éventuellement un étayage du médicosocial. Nous serions là dans un séquençage de la prise en charge et non plus dans sa continuité. Chaque moment de crise étant traité comme une nouvelle phase de la maladie. Sans tenir compte du fait que, si le sujet va bien, c’est justement parce qu’il bénéficie de ce maillage en dentelle au long cours. Et dans une segmentation du soin, à chaque phase correspondraient des intervenants différents. On va en fait organiser la rupture des soins, sans parler de la pénurie de généralistes… Il ne s’agit plus de soigner un Sujet en souffrance, mais de traiter des symptômes, des troubles, de normaliser des comportements et des populations.\n\nSi la volonté des technocrates est une chose, la réalité en est une autre. Et force est de constater que cela a du mal à se mettre en place. Pour l’imposer à tous les secteurs, le gouvernement met en place dans tous les établissements un dispositif de « Réhabilitation psychosociale », véritable « usine en kit » pour exclure les patients stabilisés du dispositif de Secteur. L’objectif de ces structures autonomes de Réhabilitation psychosociale est de proposer à chaque patient stabilisé un parcours de soins individualisé. On pourrait penser que l’on va avec ce dispositif tenir compte de la singularité de chaque patient, de ce qui fonctionne bien dans sa prise en charge, de ce qui est plus compliqué en tenant compte de l’histoire et de la psychodynamique propre à chacun, en lien avec l’équipe de Secteur Il s’agit au contraire de formater le symptôme, de normaliser le comportement, pour lui trouver – en dehors du Secteur ! – la case adaptée au moindre coût. Mais cela ne correspond pas à ce que devrait être la Réhabilitation psychosociale, c’est une caricature et une instrumentalisation de celle-ci. La psychiatrie « moderne » est une psychiatrie de la normalisation des populations et des comportements. Où l’on ne soigne plus des personnes mais où l’on traite des symptômes. Au travers de soins protocolisés, normalisés qui ne prennent plus en compte ni la globalité de la dimension biopsychosociale de la personne, ni la singularité de chaque patient. Mais où seule la dimension biologique neuronale compterait. Ce qui conduit à une opposition irréductible entre neurosciences et TCC d’une part et approche psychanalytique et sociothérapique d’autre par Mais cette opposition est artificielle parce qu’elle s’appuie sur une caricature et une instrumentalisation des neurosciences et des TCC, qui du coup semblent tout à fait adaptées à ce séquençage de la prise en charge. C’est pour cela qu’on les oppose aux approches se référant à la psychanalyse et à la psychodynamique qui seraient de fait disqualifiées. Celles-ci s’inscrivant dans une historicité du sujet. Opposition allant jusqu’à vouloir interdire l’enseignement de l’apport théorique fondamental de la psychanalyse. Ce qui revient à vouloir considérer qu’il n’y aurait pas d’inconscient, ni de vie psychique Cela s’est révélé face à l’explosion de décompensations psychiques graves liées aux conséquences sociales du Covid, touchant toutes les tranches d’age. Face à cette nouvelle catastrophe sanitaire, la seule mesure prise par le Gouvernement fut de proposer, pour les seuls adolescents, le remboursement de consultations de psychologue libéral, limité à 6 séances, à condition que celui-ci ne fasse pas de psychothérapie, mais utilise une technique comportementale  Alors qu’il faudrait embaucher immédiatement les milliers de psychologues qui ont du renoncer à leur métier Cela aboutit à une psychiatrie déshumanisante qui maltraite aussi bien les patients que les soignants Nous refusons cette opposition frontale  Nous réaffirmons que nous sommes des êtres biopsychosociaux Ce qui implique d’articuler les différentes approches, au lieu de les opposer Même si, comme l’a reconnu le Ministre Véran « cela fait 40 ans que la psychiatrie est paupérisée », l’état de destruction du Secteur est tel qu’il ne suffit pas d’augmenter ses moyens. Comme vous, nous considérons que la mission fondamentale de la psychiatrie est d’apaiser la souffrance du sujet et non de traiter un symptôme, ni de normaliser les comportements et les populations Comme vous, nous ne nous résignons pas à la déshumanisation du soin psychique Comme vous, nous considérons que la psychiatrie doit reposer sur une clinique du Sujet, où prévaut le soin relationnel sans exclusive, mettant en œuvre continuité et proximité des soins. Comme vous nous considérons que la psychiatrie doit disposer des moyens nécessaires à ses missions. Ce budget doit faire l’objet d’un poste spécifique dans le cadre du PLFSS Il faut une Loi cadre de refondation du Secteur  Bonnafé disait « Une société se mesure à la manière dont elle traite ses fous ». Nous assistons là à une opération de chosification de l’humain, de déshumanisation de masse. C’est pour poser les bases d’un renouveau d’une psychiatrie humaine que Cela nous concerne tous que nous soyons soignants, patients ou simplement Citoyens soucieux de l’humain D’autant que l’expérience à montré que ce qui se passe en psychiatrie se pose aussi en MCO et que nos combats sont communs  En 2016, lors du débat psychiatrie de la Fête de l’Humanité Laurence Cohen (sénatrice PCF) et Serge Klopp (référent psychiatrie du PCF) ont lancé l’idée d’un mouvement pour une Loi cadre de refondation du Secteur. Cette idée a été reprise par certains. Mais devant la dégradation de la psychiatrie qui confine à l’abandon des malades, nous ne pouvons plus nous contenter d’agir chacun de son côté C’es pourquoi nous vous proposons de nous unir pour construire avec nos concitoyens, ce mouvement pour une loi cadre de refondation d’un Secteur de psychiatrie humain

Pour le PCF Maryse Montangon Serge Klopp  Responsable pour l’Exécutif National Référent Psychiatrie Commission Santé Protection Sociale Commission Santé Protection Sociale