Compte-rendu de la rencontre du 26 juin 2020
avec
Alde Harmand, président du conseil de surveillance de l’hôpital de Toul
Pierre Renaudin, directeur de l’hôpital,
Dominique Potier, député de la 5ème circonscription de Meurthe-et-Moselle
Olivier Erdem, conseiller municipal chargé des affaires de santé,
et un stagiaire chez le député
Pour le comité de défense : Anne-Marie Martin, Denis Weber, Luc Ferretti, Vincent Birckel
Introduction par le comité.
Nous constatons que la pandémie n’a pas calmé les velléités de démantèlement du service public de santé, loin de là. Nous rappelons l’origine de la constitution du comité, à la suite d’un article dans l’ER évoquant la suppression de 380 000 € au budget de l’hôpital ayant pour conséquence la disparition du service de chirurgie de nuit.
Nous précisons que notre objectif n’est pas de tenter de « sauver » l’hôpital de Toul au détriment d’autres structures, que le comité s’inscrit désormais dans la coordination nationale de défense des hôpitaux publics de proximité, et que son rôle est avant tout d’informer la population sur la situation réelle, la santé de notre hôpital de proximité étant l’affaire de tout le monde.
Nous remercions le maire de Toul pour les facilités et le soutien qui nous ont été accordés.
Nous précisons que contrairement à ce qui a été avancé, nous n’avons jamais dit que la maternité allait fermer. Nous maintenons néanmoins que cette structure est en danger en rappelant notre raisonnement : Plus de chirurgie de nuit > danger potentiel en cas de complication à l’accouchement > mamans ne veulent pas courir le risque et s’inscrivent ailleurs > baisse du nombre d’actes > constat de l’ARS que la maternité est en perte de vitesse > fermeture de la maternité.
Nous soulignons que la même démarche a été employée pour flinguer les Telecoms, la Poste, les tribunaux de proximité, etc. et bien sûr d’innombrables services dans des tas d’hôpitaux.
Et nous faisons remarquer que ce raisonnement est manifestement partagé par mal de gens, vue l’ampleur de la manif du 16 juin.
Alde Harmand, président du conseil de surveillance de l’hôpital de Toul.
Partage l’avis du collectif concernant la gestion nationale du système de santé publique, notamment sur les critiques concernant la tarification à l’activité (T2A).
Mais réfute l’expression « hôpital en danger ». Il met en avant la coopération territoriale qui s’exerce au sein du GHT7 (Groupement Hospitalier Territorial Sud Lorraine), qui permet justement de garder l’hôpital en proximité. Il précise que le GHT7 organise aussi la coopération avec le secteur privé. Cela se traduit entre autres par le partage de 20 médecins avec le CHU, ce qui renforce l’attractivité de l’hôpital de Toul.
Concernant la maternité. Il n’y a pas de projet de fermeture, pas plus que de fermeture de lits. Au contraire, le projet est d’ouvrir 10 lits supplémentaires en SSR.
Concernant la permanence des soins (suppression de services de nuit), il rappelle que le conseil de surveillance n’était pas d’accord, et qu’il s’en est ouvert à l’ARS.
Il a également, via les élus, alerté le 1er ministre
Le comité.
Nous insistons sur le fait que les schémas d’organisation de l’ARS n’ont pour seul objectif que la rentabilité, et le déshabillage du public pour le privé.
Que nous avons des exemples de fermeture de maternités, qui se sont déroulées exactement comme décrit plus haut.
Que concernant la permanence des soins, il a été déclaré par l’ARS lors d’une audience accordée aux organisations syndicales qu’en cas de fracture ouverte, la seule perspective offerte serait de se rendre au CHU. La conséquence directe serait la baisse des actes correspondants.
Que l’objectif de l’ARS restait la suppression de 1000 postes, et que cela ne concernait pas seulement le CHU.
Que l’ « organisation de la mutualisation, de la coopération » se traduisait aussi par une ligne budgétaire (budget G) : l’hôpital de Toul cotise ainsi comme les autres hôpitaux périphériques au rapatriement de tous les actes au CHU.
Que nous faisons la différence entre « service public » et « service au public »
Pierre Renaudin, directeur de l’hôpital.
Partage notre analyse sur la gestion nationale du système de santé.
Il n’y a pas selon lui de médecins qui à Toul prépareraient leurs arrières pour fuir vers le privé.
Il concède les injonctions souvent contradictoires émanant de l’ARS, mais avance que c’est justement grâce à la coopération et à la proximité de Nancy (CHU), que la maternité et la chirurgie ont été sauvées sur Toul. Il nous informe que l’activité de ces 3 premiers mois de l’année a été excellente et a atteint un niveau historique !
Concernant les effectifs, il assure que ceux-ci n’ont cessé d’augmenter de 2015 à 2020.
Il rejoint Alde Harmand sur la critique faite au comité : dire que « l’hôpital est en danger », ça contribue à l’inquiétude des gens, qui ne manqueront pas d’aller se faire soigner ailleurs.
Il existe d’autres perspectives intéressantes, notamment concernant un service de radiologie et d’endoscopie qui vont faire de Toul un des plateaux techniques les plus performants dans le secteur. Ce sont des médecins privés qui interviennent dans le public.
Répondant au comité qui relate le sort de l’IRM de PAM, financé par des fonds publics pour une utilisation exclusivement privée, le directeur nous informe qu’aujourd’hui le public serait en capacité d’en absorber 50% du fonctionnement…
Alde Harmand, président du conseil de surveillance de l’hôpital de Toul.
Concernant le schéma régional : « nous (les élus toulois) sommes les seuls à avoir réagi. »
Il avance également que la présence des drapeaux de la CGT lors de la manif touloise du 16 juin a été vécue comme une récupération d’icelle par nombre de personnes présentes, qui ne reviendront pas la prochaine fois.
Le comité.
Nous rappelons que le comité n’est pas un comité CGT (preuve étant la présence de représentants issus d’autres horizons dans la délégation), et que s’agissant d’une journée de manifestation nationale appelée par des organisations syndicales, la présence d’oriflammes le 16 juin était parfaitement légitime, à Toul comme
ailleurs.
Qu’en retour il nous semblait étrange que le député accompagne les démarches auprès de l’ARS des seules organisations Cfdt et Unsa.
Dominique Potier, député de la 5ème circonscription de Meurthe-et-Moselle
« J’ai accompagné la Cfdt et l’Unsa, parce qu’elles sont les organisations syndicales représentées à l’hôpital
de Toul ; c’est donc parfaitement légitime ».
Il met en avant « l’écosystème toulois » qui fait qu’ « on travaille main dans la main depuis plusieurs années » sur le refus de considérer Toul comme un hôpital périphérique. Il souligne les coopérations professionnelles à l’oeuvre (notamment avec les Ehpad et la médecine générale).
Il affirme que l’hôpital de Toul est en capacité de réaliser de gros « gains de patientèle ».
Dans le même temps, il souhaite que l’absence de dépassements d’honoraires »4 devienne un nouveau « marqueur de notre territoire ».
Il organisera une rencontre locale à l’issue du Ségur de la santé.
Il concède le caractère ambigu de la position de l’ARS, et admet ne pas voir de garanties concernant la fermeture de la chirurgie, et sur le fait qu’il n’y a pas conséquemment de mise en danger pour les usagers. Il sera vigilant à ce que ne soient pas mélangés les 6 milliards avancés aujourd’hui par le ministère dans le cadre du « Ségur » avec le retour des 380 000 € dans le budget de l’hôpital.
Pierre Renaudin, directeur de l’hôpital.
Affirme que sans garantie de l’absence de mise en danger des usagers, il refuse de se conformer aux directives de l’ARS.
Il précise par ailleurs que les gardes sont maintenues à la maternité de Toul, contrairement aux prérogatives nationales (les gardes ne sont pas obligatoires en-dessous de 1500 naissances)
Comme le comité met en avant l’imprudence qui a présidé à la mise en place d’une clinique psychiatrique privée à Dommartin-lès-Toul, le directeur répond que le plan prévoit un agrandissement significatif des locaux de l’hôpital de Toul, dont 1000 m² seraient réservés à la psychiatrie.
Dominique Potier, député de la 5ème circonscription de Meurthe-et-Moselle
D.Potier a noté que les présents avaient tous à coeur la défense l’hôpital public et a aussi évoqué l’action sur le territoire pour une démarche de prévention au niveau de la santé.
Pas d’autre conclusion.
Ce qu’on peut retenir de cette entrevue, c’est l’objectif et le sens que veulent donner à l’hôpital les gestionnaires que sont le président du conseil de surveillance, le député et le directeur de l’hôpital : le but c’est de rendre l’hôpital attractif, en donnant le maximum de facilités aux médecins libéraux pour réaliser des actes avec les moyens techniques du public et la tarification du privé, avec pour conséquence l’augmentation du déficit de la sécurité sociale, ce qui ne favorise pas la défense de l’hôpital public.
Où le client prend le pas sur l’usager, où on ne remet pas en cause le système instauré par l’ARS.
Nos interlocuteurs ont été surpris de voir que nous connaissions notre dossier, et que leurs arguments parfois ne tenaient pas la route devant nos connaissance sur le GHT, la relation entre St Charles et le CHU et 1000 suppressions d’emplois.
Pour eux, Toul n’est pas dans la tourmente, mais ils ne disent mot sur la création de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux, et les exemples de fermetures de maternités et d’hôpitaux en France.
Entrevue tout à fait enrichissante, instructive, qui démontre à travers l’article local dans l’ER notre volonté de rassembler largement la population autour du comité de défense…..pari en voie d’être gagné.