Pas de profit sur la pandémie : communiqué de presse du 27 janvier 2020

Pfizer/BioNTech révise unilatéralement le contrat avec la Commission européenne. 

Une coalition européenne Right2Cure demande à la Commission européenne de briser le monopole de Pfizer sur les vaccins. 

(Rappelons que la Coordination Nationale est partie prenante de cette initiative)

L‘initiative citoyenne européenne (ICE) « Right to Cure », une coalition de plus de 130 organisations européennes issues de la société civile, veut soumettre une proposition législative à la Commission européenne afin de suspendre les droits de brevet pour les vaccins contre le coronavirus. Cela résoudrait les problèmes actuels de retard de production et d’inégalité d’accès au vaccin dans le monde et rendrait les gouvernements moins dépendants du secteur pharmaceutique. Pour ce faire, l’ICE doit récolter un million de signatures.

Grâce aux licences obligatoires, les gouvernements peuvent limiter les droits de propriété intellectuelle de sorte que le vaccin puisse être produit par d’autres pays et entreprises à un prix inférieur. La Commission européenne peut également décider de ne pas breveter un vaccin. Compte tenu des sommes importantes investies par les pouvoirs publics, la Commission européenne peut exiger des entreprises pharmaceutiques qu’elles fassent preuve de transparence en ce qui concerne les résultats médicaux et les coûts de production.

La semaine dernière, l’entreprise pharmaceutique Pfizer/BioNTech a délibérément réduit ses livraisons de vaccins à l’UE quand il a été découvert qu’il n’y avait pas cinq mais six doses du vaccin anti-COVID-19 par flacon. Le géant pharmaceutique demande désormais un prix plus élevé aux États membres européens. En outre, les livraisons d’AstraZeneca ne seront pas conformes au calendrier de livraison convenu. Tout cela entraîne des retards dans la vaccination de la population dans divers pays européens.

Selon la coalition, ces exemples montrent comment le modèle de revenus actuel des entreprises pharmaceutiques, basé sur des droits de propriété exclusifs, empêche la distribution rapide et abordable des vaccins. Les données sur les coûts de production, les contributions gouvernementales, la qualité et la sécurité des vaccins et des médicaments restent dans l’ombre du secret commercial.

Dans le passé, les crises de santé ont été abordées en s’attaquant aux droits de la propriété intellectuelle. Johan Salk, l’inventeur du vaccin contre la polio, a mis son invention sur le marché sans brevet. La maladie est maintenant presque complètement éradiquée. Pendant plus de dix ans, les médicaments pour traiter le VIH étaient trop chers dans de nombreux pays africains, entraînant des millions de décès. Finalement, à l’issue d’un long processus, les sociétés pharmaceutiques ont été obligées d’abandonner leurs brevets.

La campagne soulève des questions éthiques sur l’état actuel des choses. Bien que la recherche et le développement de vaccins et de traitements soient largement financés par l’argent public, les entreprises peuvent encore déposer des brevets. Cela leur donne un monopole sur ces biens essentiels. Ainsi, en pleine pandémie, le secteur pharmaceutique réalise d’énormes profits et ce au détriment de vies humaines. De plus, la plupart des recettes de la vente de vaccins et de médicaments ne sont pas consacrées à la recherche mais à la publicité, aux primes et même au rachat d’actions. En outre, l’achat de vaccins par l’UE et d’autres pays occidentaux crée une situation très injuste : la People’s Vaccine Alliance a calculé qu’en raison des pénuries, 9 personnes sur 10 dans les pays à faible revenu ne pourront pas être vaccinées cette année. 

Tout comme le déclare Anne Delespaul, initiatrice belge de l’initiative citoyenne « Right to Cure » : « Nos responsables politiques ainsi que la Commission européenne demandent aux citoyens de lourds sacrifices financiers et mentaux pour lutter contre cette maladie. Il est normal que la Commission européenne oblige également le secteur pharmaceutique à mettre de côté ses propres intérêts. »

L’initiative citoyenne européenne peut être signée ici : www.noprofitonpandemic.eu/fr

Communiqué de presse du 27 janvier 2020_ICE