Le courrier à la directrice du centre hospitalier avec copie à l’ARS
Madame la Directrice,
Nous avons entendu ce matin mercredi 28 octobre votre interview sur une radio locale de Montluçon. Parmi les différentes informations que vous livrez, vous indiquez qu’un certain nombre d’agents du Centre Hospitalier ont été testés positifs au coronavirus, et que parmi ceux-là, ceux qui sont a-symptomatiques sont priés de continuer à assurer leur service dans l’Hôpital.
C’est avec stupeur et grande inquiétude que nous avons appris cela.
En effet, parmi les différentes recommandations des Pouvoirs Publics envers la population pour tenter d’enrayer la progression du virus (port du masque, lavage fréquent des mains, distanciation physique), le principe de l’isolement des personnes testées positives au coronavirus est un élément très important. Ainsi, dans les entreprises, dans les Fonctions Publiques (l’Education Nationale par exemple), ces principes sont respectés.
Un Hôpital accueille des personnes fragilisées par des pathologies, dont certaines peuvent être considérées à risque. Mettre ces patients dans une situation de danger avéré, puisqu’on nous a expliqué que les gens testés positifs sont à l’évidence des contaminants potentiels, nous paraît très grave.
Il semble qu’une partie de la population, encore aujourd’hui, n’intègre pas suffisamment l’absolue nécessité de respecter les gestes barrières et les autres mesures de protection. Des efforts de communication doivent être encore déployés pour que tout le monde comprenne qu’il faut se protéger et protéger les autres. Que vont penser les sceptiques en apprenant qu’à l’Hôpital de Montluçon les mesures d’isolement des personnes contaminées n’ont pas cours ?
Lors de votre intervention, vous indiquez que cette situation est le résultat de manque de personnels. Effectivement, des années de suppressions de postes conduisent à cette situation dégradée et il faut d’urgence renforcer les équipes. Mais cela ne signifie pas qu’il faille ignorer les principes de base de protection.
Le CDHP exige, dans l’intérêt des usagers que nous défendons, que les agents contaminés ne soient pas obligés de travailler au Centre Hospitalier pendant la période d’isolement (1 ou 2 semaines, selon ce qui est préconisé par les autorités pour qu’il ne soient plus contaminants).
Espérons que le bon sens et surtout l’esprit de responsabilité l’emporteront dans vos prochaines décisions, dans le cas contraire nous nous réservons la possibilité d’intenter une action judiciaire pour mise en danger de la vie d’autrui!
Dans l’attente d’une réponse, recevez, Madame la Directrice, nos salutations distinguées.
La réponse du directeur de l’unité territoriale de l’Allier de l’ARS
Bonjour Madame,
Mme la Directrice du CH de Montluçon s’est exprimée conformément aux recommandations de bonne gestion de son personnel en cette période de gestion d’une situation sanitaire exceptionnelle.
L’avis du Haut Conseil de la santé publique en date du 23 mai 2020, ci-joint, évoque cette nécessité d’arbitrage au regard de la continuité de service, selon bien évidemment un mode d’intervention adapté.
En voici quelques extraits :
» avis relatif à la conduite à tenir pour les professionnels intervenant en établissements de santé et en établissements sociaux et médico-sociaux :
Concernant les professionnels asymptomatiques porteurs du SARS-CoV-2, pour déterminer les consignes que ces derniers doivent observer afin de contenir le risque de contamination s’ils sont maintenus en poste :
• La découverte chez un professionnel asymptomatique d’un prélèvement nasopharyngé positif (RT-PCR), à l’occasion d’un dépistage ou d’une enquête autour d’un cas par exemple, doit conduire à une éviction de 7 jour après la PCR (reprise du travail au 8ème jour) et au respect les mesures barrières renforcées pendant les 7 jours suivants, durées portées respectivement à 9 jours (reprise du travail au 10ème jour) et 14 jours en cas d’immunodépression, selon les recommandations du HCSP en vigueur.
• Toutefois, dans le cas où un personnel non remplaçable serait porteur du SARS-CoV-2 et asymptomatique, la possibilité dégradée d’un maintien en poste avec un renforcement des mesures de précaution et d’hygiène est envisageable afin que la balance bénéfice/risque ne soit pas défavorable
A destination des professionnels non-porteurs du SARS-CoV-2 mais en contact avec des personnes porteuses du SARS-CoV-2, pour déterminer les consignes que ces derniers doivent observer :
Le professionnel contact à risque mais maintenu en poste :
o Doit pratiquer une auto-surveillance de ses symptômes et alerter le service de médecine du travail et de maladies infectieuses en cas d’apparition de symptôme évocateur pour la réalisation d’un prélèvement nasopharyngé à la recherche du SARS-CoV-2. Dans l’attente du résultat, il doit être mis en éviction, sauf situation exceptionnelle ;
o Doit bénéficier d’un prélèvement nasopharyngé systématique entre J5 et J7 du dernier contact (et au maximum à 7 jours de la date du premier contact si celui-ci a persisté plusieurs jours), même s’il est asymptomatique, et d’un prélèvement nasopharyngé à la recherche du SARS-CoV-2 avant cette date s’il devient symptomatique ;
o Doit appliquer strictement les mesures d’hygiène et de distanciation physique, en particulier lors des pauses ou de l’utilisation des vestiaires »
La défense de l’hôpital public est aussi le souci de sa crédibilité dans la continuité des soins exercés pour des patients dont la situation sanitaire le requiert et sa capacité à répondre aux besoins, particulièrement en période exceptionnelle.
En vous remerciant pour votre compréhension et la bonne diffusion de ces messages via votre association dont l’objet est la défense de l’hôpital public.
Cordialement,
Grégory DOLE
Directeur de la Délégation départementale de l’Allier