Edito semaine 41-2020

En visite au centre hospitalier George POMPIDOU le 6 octobre, le président de la République a de nouveau affirmé que les difficultés de l’hôpital public ne résultaient pas d’un problème de moyens mais d’un problème d’organisation.

Les mots n’ont de sens que s’ils se conjuguent avec les faits pour aboutir à la même réalité.

Depuis le Ségur de la Santé, qui annonçait pourtant « 15 000 recrutements à l’hôpital public » les départs volontaires et les démissions se sont multipliés du fait de la dégradation de leurs conditions de travail et de la faiblesse de leurs rémunérations. Ceux qui sont restés en fonction et sont moins nombreux et plus démunis que lorsqu’il leur a fallu affronter la première vague de la COVID.

Le ministre de la santé a pourtant annoncé que le budget de la santé bénéficierait de l’injection 8,2 milliards d’euros par an pour revaloriser les métiers des établissements de santé et des EHPAD, et reconnaître l’engagement des soignants au service de la santé des Français. Ce n’est en fait qu’un rattrapage incomplet de l’érosion des salaires qui a résulté de la politique sanitaire d’austérité de ces deux dernières décennies et les premiers versements n’interviendront qu’en 2021.

Parmi les principales mesures du Ségur figurait le financement de l’ouverture ou de la réouverture de 4000 lits « à la demande.

Cet « engagement » résultait du constat de carence de lits de réanimation fait lors de la première vague de la covid 19. Il n’a empêché ni la poursuite des fermetures de lits par les directeurs d’ARS et d’hôpitaux ni le directeur de l’ARS Grand-Est d’’annoncer en mai 2020 celle une vingtaine de lits de réanimation dans deux hôpitaux strasbourgeois.

Le Ségur prévoyait aussi, et c’était la première mesure annoncée, 19 milliards d’euros d’investissement dans le système de santé pour améliorer la prise en charge des patients et le quotidien des soignants. Pourtant, la semaine dernière le directeur du centre hospitalier spécialisé du ROUVRAY annonçait son intention de fermer 80 lits afin de financer la rénovation de locaux dont la vétusté et l’inadaptation avait été dénoncée par la contrôleur des lieux de rétention. Ce qui est envisagé et annoncé pour financer des investissements qui n’ont manifestement que trop tardé consiste à effectuer un prélèvement sur les crédits de fonctionnement des services qui entraînera des fermetures de postes et par voie de conséquence une dégradation de la prise en charge des patients et le quotidien des soignants.

On pourrait citer d’autres exemples illustrant le fait que les annonces officielles sont démenties sur le terrain par des décisions prises par les ARS et/ou les directions d’hôpitaux qui aboutissent exactement au résultat inverse des intentions affichées au sommet de l’Etat.

Et tout le monde sait que tout ceci est la résultante de la T2A, qui continue de sévir alors que le Ségur annonçait une « sortie accélérée.

Alors oui y a bien un réel problème d’insuffisance de moyens humains et financiers à l’hôpital public et, malgré la promesse du président de la République, pendant la première vague de la pandémie COVID, de ne plus baisser les crédits des hôpitaux, le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale prévoit hors mesures COVID une baisse des dépenses de santé de 4 milliards dont 1,4 milliard sur le budget des hôpitaux

Le deuxième volet de l’affirmation présidentielle portait sur l’organisation hospitalière, qui serait à l’origine des problèmes. Cette organisation est de la seule responsabilité de l’Etat. Elle résulte des lois Bachelot, Touraine et autres « Ma santé 2022 ». Sa mise en œuvre relève exclusivement des directeurs d’ARS et des directeurs d’hôpitaux qui n’ont de comptes à rendre qu’à leur ministre de tutelle. En l’absence de toute possibilité d’être associés aux décisions, elle s’impose aux soignants, aux usagers et aux élus des territoires qui ne peuvent que la subir.

Alors oui il y a bien un problème d’organisation qui relève de la seule responsabilité de nos gouvernants et est finalement le résultat d’une absence totale de démocratie en matière sanitaire.