Services d’urgences engorgés, personnels soignants épuisés et débordés, patients qui attendent des heures : Les Urgences hospitalières sont malades d’où les 250 services qui se sont mis en grève progressivement et durablement.
Les causes du problème sont connues. Elles sont les mêmes partout.
C’est d’abord l’accroissement massif de la fréquentation de ces services. Ces dix dernières années, le nombre annuel de passages y a doublé, parce que les urgences sont de plus en plus souvent le seul recours possible pour les patients. Les généralistes, mal répartis, en effectif constant voire en baisse face au vieillissement de la population, se sont progressivement désengagés de la permanence des soins.
C’est ensuite l’insuffisance des moyens humains et matériels que les soignants dénoncent depuis des mois. Les locaux, les équipements et les effectifs de personnel n’ont pas suivi l’évolution de la fréquentation. Pour ces derniers les conditions de travail et les niveaux de rémunération sont de plus en plus dissuasifs.
C’est enfin l’insuffisance des lits d’aval, qui ajoute à l’engorgement des entrées la réduction des possibilités de sortie. Les gouvernements successifs les ont massivement fermés, et en ferment encore, pour des motifs de rationalisation des dépenses et d’efficience qui génèrent finalement des dysfonctionnements, une aggravation des conditions de travail des soignants et un recul de la qualité de la prise en charge des patients. Triste bilan !
Aucune des 12 mesures annoncées le 9 septembre ne porte sur ces différents points. Aucune de ces mesures n’aura d’effet immédiat.
La ministre joue sur l’effet d’annonce. 750 millions d’euros sur trois ans c’est simplement 250 millions par an et ce ne sont pas des moyens supplémentaires puisque ces sommes seront prélevées sur des crédits existants, ce qui entraînera des reculs durables dans d’autres services. Prélevés une année, ils ne seront pas restitués l’année suivante.
Elle table essentiellement sur le désengorgement. Pour cela, elle promet de consacrer près de la moitié de cette somme à la création d’un « service d’accès aux soins » dont la mission sera d’orienter les patients mais n’est pas déjà le rôle des centres 15 ? Les patients et les soignants attendaient une amélioration des capacités de soins. Ils se voient accorder un doublement des dispositifs d’orientation vers des services dont les capacités resteront inchangées.
Elle table aussi sur des maisons médicales de garde ouvertes 24h/24 et 7j/7 mais avec quels médecins dans un contexte de désertification médicale de plus en plus prégnant ? Et près de quels services d’Urgences quand elle les remplace par des centres de soins non programmés qui ne sont pas astreints à cette amplitude d’ouverture ?
Elle table enfin sur l’admission directe sans passage aux Urgences des plus de 65 ans mais vers quelles structures quand les soignants sont déjà aux prises avec une insuffisance chronique de lits d’aval ?
Sans préjuger des résultats, on peut d’ores et déjà douter de la pertinence de ces mesures.