6 mois de mobilisations construites collectivement avec l’intersyndicale de l’hôpital de Sedan unanime (CGT-CFDT-FO) qui ont fait enfler la participation citoyenne : 4 manifestations dont deux de plus d’un millier de personnes, une implication importante des élus de terrain qui ont contraint les Députés locaux à intervenir eux aussi, un soutien du corps médical qui est monté au créneau par presse interposée mais a aussi participé aux mobilisations et contraint l’ARS à un semblant de concertation à partir du mois de…Mai.
L’hôpital de Sedan était en apparence le plus menacé par la restructuration envisagée puisque la réforme Touraine qui a mis en place les GHT vise essentiellement à supprimer les doublons faire des économies en sacrifiant la proximité des soins au profit d’une centralisation des services vers les gros centres hospitaliers. Par nos actions réussies, nous avons fait reculer sur Sedan les projets initiaux : maintien de la maternité et au même niveau (prise en charge des accouchements difficiles notamment), maintien de la pédiatrie, ce qui maintient une cohérence d »un pôle mère-enfant récemment modernisé.
Mais l’hôpital de Sedan perd la chirurgie au profit de la chirurgie ambulatoire (opérations sur la journée) ainsi que la cardiologie intensive. Ce n’est pas rien en terme d’éloignement pour les usagers et leurs familles.
Sur l’ensemble du GHT, ce sont bien les mesures d’économie qui au final vont impacter l’ensemble des établissements :
– À Nouzonville, par exemple, 4 lits en plus, aucun personnel supplémentaire !
– un scanner à Fumay (enfin !) mais pas d’équipe prévue pour faire fonctionner ce nouveau service. À suivre attentivement !
– des services importants transférés de Sedan à Charleville, mais, avec au passage des postes de soignants qui s’envolent pour prendre en charge le même potentiel de populations…
– des conditions de travail des personnels qui se détériorent : une baisse de la masse salariale qui baissera de 1% à la fin du plan, alors même que partout les personnels croulent sous les tâches par manque d’effectifs, des pauses supprimées, la pause repas ôtée du temps de travail, le passage au privé des services de nettoyage (que deviendront ces personnels formés à des tâches primordiales dans un hôpital qui demande propreté et asepsie protocolaires bien précises ?), passage du travail en 12h dans certains services, chasse à l' »absentéisme » souvent dû à la surcharge de travail!) notamment…
– Si le cas de Bélair est traité à part, la seule certitude qui ressort est l’annulation, pour 2018, de l’effet de la péréquation budgétaire régionale, soit une enveloppe de 390 928 € restitués au CH Belair sur les 726 574 amputés initialement ; c’est une avancée très relative et provisoire : qu’en sera-t-il en 2019 ?
Et, cerise sur le gâteau, un plan qui repose sur du vent :
car le pari de l’ARS prévoit un nécessaire recrutement de médecins qui manquent déjà cruellement actuellement, des départs en retraite qui s’annoncent pour cette année et dans les prochaines années , alors même que les recrutements n’augmentent que très peu au regard des besoins. Rendre attrayants nos hôpitaux, attirer les médecins par des primes substantielles seraient les solutions selon l’ARS, sans qu’il y ait obligation d’installation dans les zones déficitaires !
Et une ARS qui n’hésite pas à mettre sur le dos des mobilisations et protestations diverses une baisse d’activités depuis janvier ! Mauvais procès alors même que ce grand chambardement qu’elle a elle-même organisé ne rassure ni les élus, ni les usagers, ni même les médecins qui n’hésitent pas à pointer du doigt des catastrophes sanitaires si la proximité des soins recule encore et encore (cardiologie intensive par exemple qui disparaît de Sedan et met les zones les plus éloignées à 1h15 de « l’hôpital support », Manchester). Et puis, les 6 premiers mois de l’année ne sont pas les mois les plus fréquentés, il faudrait pour être rigoureux comptabiliser les mois d’hiver ce qui serait plus logique ! Devrait-on se taire face aux difficultés qui s’annoncent ? Au moins doit-on leur fournir un sonotone – le cri de la rue – quand instances et concertations ne sont que parodies bien orchestrées par des hauts fonctionnaires sans scrupules pour face aux difficultés de la France »d’en bas »…
L’ARS ne répond pas aux problèmes de fond actuels :
La souffrance des soignants : surcharge de travail, burn out, suicides, manque de personnels…
Les difficultés des usagers : éloignement des lieux de soins, manque de praticiens locaux, frais de santé de plus en plus importants, qui reculent une prise en charge rapide voire complique les états de santé. Et une prise en charge déléguée de plus en plus aux mutuelles qui ne vont pas manquer d’augmenter leurs cotisations…
Les recrutements de médecins : pas de réponses de fond à la désertification médicale, une couverture territoriale qui recule…
L’inquiétude des élus de terrain qui voient leurs services publics, source d’égalité dans les territoires, disparaître peu à peu…
En conclusion
L’ARS locale et Régionale, en bon soldat, ne fait qu’appliquer les directives de sa Ministre de la santé : les Ardennes ne sont pas les seules concernées par la restructuration !
On le voit bien, la balle est dans le camp gouvernemental les réponses à apporter sont nationales : c’est le sens que nous avons voulu apporter par l’impression des 5000 cartes postales au Président de la République dont nous terminons les envois. Tous les hôpitaux sont en crise, la plupart en « déficit », disons plutôt en manque de budgets votés à l’Assemblée par nos députés qui vont ensuite pleurer pour des mesures exceptionnelles dans leurs territoires !
Nous sommes toujours dans l’attente d’un plan santé qui devait être dévoilé en juin par Emmanuel Macron et qui est maintenant annoncé pour la rentrée : préparons-nous à nous mobiliser en fonction des réponses qui seront apportées !
Sur le plan local, nous maintenons la vigilance :
– nous serons très attentifs à la restructuration qui est en train de se mettre en place,
– nous n’hésiterons pas à poursuivre nos actions au niveau unitaire avec les syndicats des personnels soignants, les médecins et les élus,
– nous consulterons régulièrement l’ARS comme nous en avons convenus avec elle pour faire remonter difficultés et dysfonctionnements. Déjà, nous venons de lui envoyer nos nombreuses questions
Notre santé est précieuse, et notre service public de santé doit fonctionner au plus près des usagers !
Restons mobilisés !
Faites-nous remonter vos témoignages.